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Journée d’étude sur le travail de rue le mardi 17 janvier 2023

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Le travail de rue : de l’invisibilité à la présence

journée d’étude le 17 janvier 2023 à l’ETSUP, 9h-17h

Evènement gratuit sur inscription à l’ETSUP (Tour Montparnasse, 46e étage, salle 46-16), le mardi 17 janvier 2023.

Accès à nos locaux via l’entrée visiteurs de la Tour Montparnasse, située rue de l’arrivée. Prévoir une pièce d’identité.

Pour s’inscrire à la journée d’étude sur le travail de rue :

S’inscrire pour suivre la journée à distance (cliquer ici) (webinaire Teams)
05/01/2022 : INSCRIPTIONS CLOSES (COMPLET) pour assister à la journée en présentiel (places limitées, 80 personnes maximum)

 

Cette journée s’inscrit dans un cycle de deux journées d’étude financées par le dispositif « Soutien aux projets des associés » de la Communauté d’universités et établissements (ComUE) Université Paris Lumières, et débutée le 24 mai 2022 avec la journée intitulée Le corps et les émotions au coeur du travail social : perspectives professionnelles et formatives (en savoir plus).

Argumentaire de la journée d’étude ETSUP sur le Travail de rue

La journée précédente du 24 mai 2022 s’est penchée sur la place et du corps et le rôle des émotions dans le travail social et la formation en travail social. L’argumentaire partait notamment d’un paradoxe où « la part sensible du travail telle qu’elle s’exprime à travers les expériences corporelles » (Pillon, 2014, p. 152) bien que mobilisée dans la pratique demeure faiblement intégrée dans l’apprentissage de l’action professionnelle ». Il s’agit donc de continuer à observer les formes d’invisibilisation mais, cette fois, c’est par l’angle des personnes concernées et des professionnalités dans un espace contraint, la rue, que nous allons les interroger.

La rue constituerait un acteur à part entière un point de départ pour tenter au mieux de déconstruire les représentations au pire de les énumérer. L’idéalisation de cet espace relève, semble-t-il, d’une fantasmatique que nous pouvons prendre au pied de la lettre. Dans la rue, la contrainte est « la règle initiale et c’est souvent à la marge de cette dernière que la dimension des possibles se formalise, en permettant notamment aux professionnels d’accéder aux coulisses émotionnelles d’adolescents en situation de souffrance » (Touil, 2017). Si le travail avec lesdits jeunes prend une part importante dans cette journée, le contrepoint de ceux qui ont pu éprouver la rue pourra donner un autre accent aux questionnements psycho-sociaux-éducatifs. C’est pourquoi, nous souhaitons aborder la rue comme un espace de contrainte qui tend à (in)visibiliser des marges et des marginaux. « C’est aussi à partir de ses marges – comprises à la fois en termes de population, de territoires et de politiques – qu’une certaine vérité de l’État contemporain peut être saisie : dans la manière de traiter les pauvres et les délinquants ; dans la façon d’administrer les ZUS, les centre de rétention… » (Fassin, 2013).

Partir de la notion d’invisibilité pourrait relever d’une approche conceptuelle pour noyer la réalité du travail dans une déclaration d’intention où il s’agirait de faire acte de présence. Souvent en bout de chaîne de l’institution, les travailleurs sociaux semblent contaminés par l’accompagnement des personnes peu ou prou désinsérées du tissu social et symbolique. Ces corps qui tiennent les murs attendent-ils d’être animés par un projet éducatif ou bien leur refus relèverait d’une forme résiduelle à définir ? « Chaque secteur de cet univers est placé dans l’incertain quant à son utilité et sa signification précise. Cependant, de nombreux travailleurs et travailleuses de terrain poursuivent coûte que coûte leur activité minutieuse, au service de l’autonomie de chacun et de la solidarité de tous » (Louli, 2019).

Nous tenterons de mettre en perspective l’utilité sociale et la dimension corporelle qui se manifeste dans le laissé-là et le laissé-pour-compte pour interroger une « clinique de la désocialisation » (Quesemand Zucca, 2007) et les différentes formes de relégation. Or nous remarquons un bénéfice secondaire propre à tout symptôme puisque l’invisibilité présente des avantages et autorise des tactiques discrètes, furtives et au cas par cas de la part de l’ensemble acteurs sur le terrain. De même que « cette géographie [du territoire] articule une connaissance spatiale et temporelle des usages des lieux » (Grand, 2021). Cela renforce la place d’une approche territoriale pour étayer le recul du regard lorsqu’il permet de faire l’histoire sur l’évolution de la présence dans la rue tandis que les transformations successives participent à l’effacement de cette présence qui trouve une nouvelle forme dans l’espace virtuel des réseaux. Quand bien même ce déplacement (Moignard & Bortolotti, 2021) porte intérêt, notre ambition consiste à analyser la qualité de présence des acteurs de la rue. Par ailleurs, la période syndémique (Stiegler, 2021 & Horton, 2021) que nous avons traversé a pu constituer la possibilité d’observation inédite d’une pratique suspendue dès lors que les rues étaient fermées ou bien d’une invention pour contourner les différents décrets… Dans la filiation de Michel de Certeau (1990), il s’agit d’aborder ces temporalités accidentées dans l’invisible du quotidien. Entre le regard de l’autre en miroir et de celui de l’observateur, il est question de réduire la focale des représentations afin de faire émerger, dans une volonté de décloisonnement des savoirs produits par les personnes accompagnées, les professionnels et les chercheurs. Notre ambition serait donc d’explorer un être-là, une présence située sur un territoire soit un lieu de conflit et/ou d’attachement (Dubreil, Piteux, 2018) avec lesdits acteurs.

Il convient donc de poursuivre et d’alimenter ces discussions à des fins scientifiques, professionnelles et formatives afin de :

  • Mettre en perspective des pratiques professionnelles et des travaux scientifiques relatifs au travail de rue et aux personnes rencontrées.
  • Alimenter la réflexion sur les pratiques et le dialogue avec la formation en travail social, notamment à l’égard de futurs professionnels de la petite enfance, de l’éducation spécialisée et du service social, et des cadres de l’action socio-éducative.

 

Programme de la journée d’étude ETSUP sur le travail de rue :

9h30-12h20 : Croiser les savoirs et la pratique

9h : Accueil, par Gilles Garcia, formateur-chercheur ETSUP.

9h20-9h40 : Introduction. La rue comme espace de contrainte, par Gilles Garcia, Estelle Lozano, Directrice générale de l’ETSUP, et Nicole Gloaguen, vice-présidente de l’Association des surintendantes et de services sociaux.

9h40-10h15 : L’évolution du travail de rue entre le virtuel et le présentiel ? par Joëlle Bordet, psychosociologue, chercheure

10h15-10h50 : La rue comme espace vécu, par David Puaud, anthropologue, (LAP/CNRS/EHESS), Formateur-chercheur IRTS Poitou-Charentes

10h50-11h : Débat avec la salle

11h-11h10 : Pause

11h10-11h45 : Espace de contrainte, par Ahmed Nordine Touil, sociologue, chercheur et formateur à l’Enseis

11h50-12h45 : Table ronde sur les projets participatifs pour sortir de la rue : Ce que nous avons appris de nos expériences de rue. Avec l’Association CapaCités. Animation : Pascaline Mariette

12h45-14h : Déjeuner

14h-17h : Croiser les savoirs de la rue

14h-14h35 : « De la difficile visibilisation du travail de rue en prévention spécialisée à partir d’un groupe d’analyse de la pratique », par David Grand, sociologue, chercheur et formateur à l’ENSEIS

14h40-15h35… Les éducateurs à la rue : Table ronde de professionnel.le.s et étudiant.e.s. Avec Pascal Peiger ; Camille Montie ; Sana Kerrabi. Animation : Gilles Garcia (formateur-chercheur Etsup, philosophe, psychanalyste)

15h35-15h50 : Débat avec la salle

15h50-16h : Pause

16h-16h35 : Les habitant.e.s du Bois de Vincennes : des profils aux contours pluriels, par Alexandra Piesen, sociologue, (Laboratoire Cerlis (Université Paris Cité), chargée d’études à l’Observatoire Social de la DSOL

16h40-17h : Conclusion, par Pascal Fugier, MCF CY Cergy Paris-Université, Sciences de l’éducation et de la formation, laboratoire EMA,

Références bibliographiques

  • Becquet, V., Fugier, P. et Iori, R. (à paraître). La participation des jeunes dans une association de protection de l’enfance : des logiques d’action en tension. Sociétés et jeunesses en difficulté, 29.
  • Belhadj-Ziane, K., Baldelli, B., Bourque, M. et Chamberland, M. (2019). La norme dans tous ses états : enjeux et défis pour le travail social. Sciences & Actions Sociales, 11, 1-7.
  • Berthelot, J.-M. (1998). Le corps contemporain : figures et structures de la corporéité, Recherches sociologiques, 1, 7-18.
  • Bessin, M. (2014) Présences sociales : une approche phénoménologique des temporalités sexuées du care, Temporalités [En ligne], 20 DOI : https://doi.org/10.4000/temporalites.2944
  • Bodin, R. (2011). Une éducation sentimentale : Sur les ambiguïtés de l’accompagnement social en éducation spécialisée. Déviance et Société, 35, 93-112.
  • Bordet, J. (2020). Écouter les jeunes dans leur rapport au monde pour développer la pensée critique: Une recherche-intervention menée entre 2014 et 2017 dans plusieurs quartiers populaires urbains, en dialogue avec des responsables du CGET. Pensée plurielle, 51, 109-118. https://doi.org/10.3917/pp.051.0109
  • Bourgeois, L. (2008). Solidarité, nouvelle édition augmentée, Le Bord de l’eau.
  • Bourdieu, P. (1993), La Misère du monde, Seuil.
  • Butler, J. (2014). Qu’est-ce qu’une vie bonne ?, Payot.
  • Brekhus, W. (2005). Une sociologie de l’« invisibilité » : réorienter notre regard. Réseaux, 129-130, 243-272.
  • Cifali, M. (2019). Préserver un lien. Ethique des métiers de la relation. PUF.
  • Declerck, P. (2001). Les naufragés, Plon/Terre Humaine.
  • Gallut, X. (2012), Corps, éthique et fonction éducative. La différence en question. L’Harmattan.
  • Gardella, E. (2017, juillet-septembre). Sociologie de la réflexivité dans la relation d’assistance. Le cas de l’urgence sociale. Sociologie du travail, 59-3.
  • Grand, D. (2021). Quand les petits riens sont des savoirs d’action. Empan, 121, 70-76.
  • Lacan, J. (1974). Télévision, Seuil, 25.
  • Lacan, J. (2004). Séminaire X : L’Angoisse, Seuil.
  • Lenzi, C. (2017). La part émotionnelle du métier dans l’accompagnement des mineurs difficiles : les ressorts et paradoxes de la professionnalité. Les Cahiers Dynamiques, 71, 81-89.
  • Martuccelli, D. (2006). Forgé par l’épreuve. L’individu dans la France contemporaine, Armand Colin.
  • Mercuel, A. (2018). « Aller vers… » en psychiatrie et précarité : l’opposé du « voir venir… » ! Rhizome, 68, 2, 3-4.
  • Puaud, D. (2018). Jeunes en voie de radicalisation. Mythe, réalités et travail éducatif. Fabert.
  • Puaud, D. (2022). Les surgissants. Ces terroristes qui viennent de nulle-part. Ed. de la Seine.
  • Quesemand Zucca, S. (2007). Je vous salis ma rue. Clinique de la désocialisation. Stock.
  • Ravon, B. (2009). Repenser l’usure professionnelle des travailleurs sociaux. Informations sociales, 152, 60-68.
  • Rouay-Lambert, S. (2014). « Où va la parole des SDF : La « marge » peut-elle enfin instruire l’institutionnel ? ». Le Sociographe, 48, 91-101. https://doi.org/10.3917/graph.048.0091
  • Touil, A. (2017). Émotions inaugurales : Et adolescents en milieu contraint. Les Cahiers Dynamiques, 71, 46-52.
  • Touil, A. (2020). Les contrebandiers de l’éducatif : Ethnologie du don en Centre Éducatif. Presses de Parmentier.